Au cours de son enquête, Layane fait une rencontre plutôt désagréable, mais c'est mieux que rien...
Layane ne s'attendait pas à cela |
La tasse chaude entre les mains, je revis
la journée en accéléré, jusqu’à cet échange désagréable et incompréhensible.
Je venais de sortir du douzième restaurant
du village. À chaque fois, la même incrédulité se lisait sur les visages des
patrons. Au scepticisme s’ajoutait le défaitisme.
-
Comment voulez-vous que je me
souvienne de qui travaillait chez nous il y a vingt-cinq ans ! Faut pas
rêver ma p’tite !
Ou encore :
-
Ça fait vingt ans que j’ai le
même cuisinier et avant, c’était moi aux fourneaux, alors j’peux vous dire avec
certitude que votre homme n’a jamais officié ici…
Bref, chou blanc.
J’étais vraiment découragée et me demandais
si cela valait la peine d’aller voir les trois établissements restants. C’est à
ce moment que les paroles du premier patron rencontré me revinrent en mémoire.
Je décidai donc d’aller au moins jusqu’au bout de ma démarche.
J’entrai donc dans un nouveau restaurant, le
visage avenant et la confiance au bout des lèvres.
-
Bonjour. Pourrais-je rencontrer
le patron, s’il vous plaît ?
-
Qu’est-ce que vous lui voulez ?
J’avais senti mon cœur se serrer violemment
à cet instant. Le ton de l’homme ne laissait aucun doute : je n’étais pas
la bienvenue !
Je pris sur moi et lui expliquai le plus
succinctement possible ma requête, puisqu’il était sans aucun doute le patron.
Un instant, il me regarda, sans que je
puisse deviner s’il allait me projeter à bout de bras dehors tout de suite ou
attendre un peu…
Puis, il se mit à vociférer des propos tout
à fait incohérents pour moi.
-
J’vais vous dire quelque chose
et vous allez vous l’rentrer dans l’crâne une bonne fois pour toutes :
ici, dans ce restaurant, on embauche français ! C’est assez clair pour
vous ? Les étrangers, j’en veux pas ! Au revoir Madame !
Et il me planta là, en me tournant le dos,
sans plus d’explications. Heureusement, aucun client n’avait encore investi les
lieux. Une femme surgit alors discrètement d’une salle avoisinante.
Manifestement, elle avait écouté en catimini notre conversation.
Elle s’approcha de moi silencieusement et
me demanda d’excuser la virulence de son mari. En jetant fréquemment un œil
inquiet vers la direction que ce dernier avait prise, elle murmura :
-
Laissez-moi votre numéro de
téléphone… je peux peut-être…
À cet instant, du bruit se fit entendre en
cuisine et, vite, elle fit demi-tour. J’eus juste le temps de lui griffonner
mon téléphone sur le papier qu’elle venait de me donner et de lui tendre
précipitamment.
Sans demander mon reste, mais un peu
sonnée, je quittai le restaurant. C’est ensuite, sans conviction, que je rendis
visite aux deux derniers établissements de ma liste. Je fus reçue plus
gentiment, mais en vain.
Pourquoi avoir évoqué l’emploi d’étrangers
lorsque je lui ai parlé de ma recherche ? Pourquoi s’être ainsi emporté ?
De quoi sa femme avait-elle peur ?
Il arrive que l'on juge un peu trop vite un événement extérieur désagréable. Avec un peu de recul, on s'aperçoit plus tard que si l'on observe ce qui se passe sans jugement, chaque chose est susceptible de donner du sens à notre vie...
Je vous laisse sur cette pensée profonde ! Prenez soin de vous, c'est important aussi pour ceux qui vous entourent :-)
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