C'est parti ! Layane, bien que peu sûre d'elle, passe à l'action... Si vous voulez reprendre du début, c'est ici :-)
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Prêts pour suivre Layane ? |
Pas loin d’une cinquantaine de restaurants
au total. Je ne suis pas sortie de l’auberge… C’est le cas de le dire!
Je repère leur emplacement et décide d’éliminer
tous ceux qui ne se trouvent pas dans le village même, puisque, d’après ma
mère, elle s’était rendue à pied dans le centre du village pour trouver ce
qu’elle cherchait.
En excluant les établissements trop
excentrés et ceux du Chinaillon, station située un peu plus haut que Le
Grand-Bornand, il m’en reste une petite quinzaine à prospecter.
-
Quinze! Ils vont me prendre
pour une folle…
J’ai préparé les questions que je voulais
poser et, lorsque j’ai cherché une justification quelconque à ma requête, j’ai
choisi de dire la vérité. À quoi bon mentir?
Allez, c’est parti! Fébrile, je monte sur la
terrasse d’une pizzéria qui déborde de fleurs de géraniums. Il est encore tôt
et, lorsque j’ouvre la porte d’entrée, la salle de restauration m’apparaît
déserte. Un homme s’affaire derrière la caisse.
-
Bonjour, je voudrais parler au
patron, s’il vous plaît.
-
C’est moi-même.
-
Bien, je… En fait, je cherche à
retrouver une personne qui a peut-être travaillé comme cuisinier chez vous
durant un été.
-
Pourquoi cherchez-vous cette
personne?
-
J’ai de bonnes raisons de
penser que j’appartiens à la famille de cet homme; c’est donc très important
pour moi de le retrouver. Il aurait travaillé chez vous, il y a une vingtaine
d’années.
-
Une vingtaine d’années! Mais
comment voulez-vous que j’m’en souvienne! Vous savez combien de cuisiniers ont
défilé chez moi, ne serait-ce que ces cinq dernières années?
-
Oui, je comprends, mais on ne
sait jamais. C’est la seule piste dont je dispose.
Devant ses sourcils froncés,
j’insiste :
-
S’il vous plaît, comprenez-moi.
C’est vraiment important pour moi. Il s’agit d’un homme d’à peu près 1, 86 mètre,
brun aux yeux marrons, il devait avoir dans les vingt-trois ans… Il était très
bon cuisinier et surtout bon pour les pizzas et…
-
Son nom?
-
Je… je ne sais pas.
Mon interlocuteur part d’un grand éclat de
rire. Je baisse les yeux, consciente de l’absurdité de ma démarche.
Sans doute touché par la tristesse qui
émane de ma personne, il reprend, plus conciliant :
-
Écoutez. Je ne veux pas vous
décourager davantage, mais vous savez bien que vous avez fort peu de chances
d’aboutir dans vos recherches. Seulement… si c’est vraiment important pour
vous, alors, vous ne devez pas renoncer.
Surprise, je le dévisage, sceptique.
-
Vous savez, seuls ceux qui
croient en ce qu’ils font y arrivent. Donc, même si vous échouez, au moins,
vous serez allée jusqu’au bout de votre idée et vous n’aurez rien à regretter.
Je ne pense pas avoir un jour travaillé
avec l’homme que vous cherchez. J’embauche généralement des gens avec plus
d’expériences, donc plus âgés. Ça ne me dit rien, désolé.
Ses paroles me font néanmoins l’effet d’un
baume apaisant et libérateur.
-
Merci… merci, malgré tout. Je
vais continuer à chercher et je verrai bien.
-
Ok. N’hésitez pas à repasser me
voir, je serai curieux de savoir si vous avez réussi à le retrouver!
-
D’accord. À bientôt alors!
Je le quitte sur un clin d’œil et sens son
regard bienveillant dans mon dos.
Au suivant!
Il est des gens comme cela que l’on croise
sur sa route. Parfois, l’esprit trop confus ne les peut leur accorder l’attention
nécessaire. D’autres fois, plus attentif aux signaux lumineux, ces personnes
marquent de leur empreinte le chemin qu’il nous reste à parcourir.
Quatorze heures sonnent maintenant à
l’église du village et, malgré mes échecs répétés, mon estomac réclame sa
pitance à force de humer les savoureuses odeurs de cuisine des huit restaurants
que je viens de découvrir.
N’ayant pas franchement les moyens de
m’offrir un repas, je retourne au camping-car me préparer un sandwich. Sur la
route, je repère un parcours sportif noyé dans la verdure qui court le long
d’un torrent impétueux de montagne.
-
Parfait et plus tranquille
qu’au restau!
Quelques minutes plus tard, je déguste mon
pique-nique au pied d’un épicéa. L’endroit est merveilleux et lorsque je lève
les yeux vers la chaîne des Aravis — eh oui, à défaut de retrouver la trace de
mon père, je progresse dans la connaissance du coin!—, je n’en reviens pas.
Un croissant de lune est resté accroché à
la cime d’une montagne.Vite, je prends mon portable pour l’immortaliser. La
beauté de l’instant compense la frugalité de mon repas.
Puis, gagnée par la sérénité du lieu, je
cède à la torpeur qui me gagne.
-
Jack, Jack! Reviens ici tout de
suite!
Une langue immense lèche mon visage, avant
même que je n’aie le temps d’esquisser un mouvement. Surprise et effrayée, je
me retrouve nez à truffe avec un gentil Golden Retriever! Heureusement, je ne
crains pas les chiens, mais j’avoue que j’aurais préféré être réveillée
autrement.
-
Je suis désolé! Ça va? Vous… il
ne vous a pas fait mal?
-
Non, ça va! Il m’a juste
repeint la façade!
-
Pardon?
-
Non, non, rien. Y a pas de mal!
-
Vous savez, jamais, il ne se
sauve comme cela d’habitude. Je le promène souvent ici et c’est la première
fois qu’il m’échappe ainsi.
Bon,
ce monsieur est bien gentil, mais l’histoire de sa vie et de son chien ne
m’intéresse pas trop, là…
-
Oui, je comprends. Excusez-moi,
je dois y aller.
-
Peut-être, pour me faire
pardonner, puis-je…
-
Non, c’est bon. Merci, ça ira.
Bonne après-midi.
Tous
les mêmes!
Rapidement, je rassemble mes affaires,
tandis qu’il essaie encore de me retenir, mais je décide de l’ignorer et m’en
vais, tout en ayant conscience d’être très impolie.
C’est plus fort que moi. Dès qu’un homme se
montre trop insistant, une sourde angoisse s’empare de mon corps et me fait
oublier toute rationalité.
Pas besoin de me retourner, je sens son regard
étonné fixé sur moi. Qu’importe, il est à présent presque seize heures. Il me
faut partir de nouveau en repérage.
Il me reste sept restaurants à visiter
d’ici la fin de la journée. Je prends mon temps en attendant l’heure
d’ouverture et je me dis que, lorsque, ce soir, je rentrerai chez moi, peut-être
aurais-je eu la chance de trouver la fameuse aiguille que je cherche…
Pas facile pour Layane ; en plus, les restaurateurs ne sont pas tous très accueillants, comme Layane va en faire l'expérience dans le prochain épisode....
Passez une bonne journée et pourquoi pas, une bonne soirée dans votre restaurant préféré ? :-)