lundi 29 septembre 2014

Que pensez-vous de ces titres ?

Eh oui, ceux qui me suivent savent que j'écris un roman dont je publie un extrait chaque semaine.
Qui dit roman dit publication... enfin, parfois.

Apple, Chair, Computer, Desk
Le temps de la réflexion


Or, là, à cet instant précis, j'ai besoin de vous.
D'habitude, lorsque j'écris, j'ai le titre, voire la couverture qui va avec et l'histoire se bâtit d'elle-même par la suite. Il s'agit souvent d'une phrase, d'une expression, de quelques mots jetés à l'improviste dans le creux de mon oreille. Parce qu'ils éveillent quelque chose en moi, je les retiens et parfois, ils donnent naissance à une histoire.

Mais cette fois, c'est différent :
j'ai nourri l'histoire de mon roman pendant longtemps, sans avoir la moindre idée de la façon dont je pourrais le titrer. 

Alors, j'ai réfléchi !
Je vous livre ci-dessous le fruit de mes réflexions et vous propose de me dire le titre qui vous parle le plus. Ne vous gênez pas, faites-moi part de vos suggestions, de vos ressentis, de vos préférences. 
Pas de livres sans lecteurs, donc VOUS êtes ma priorité :-)

Propositions de titres :

- En quête d'une identité.
- Une vie peut en cacher une autre.
- Une vie à côté.
- Un secret pour une vie.
- Un secret de famille.
- Prendre la route.
- Un aveu bouleversant.

J'attends votre avis :-) à suivre !

vendredi 26 septembre 2014

La tournée des restaurants commence

C'est parti ! Layane, bien que peu sûre d'elle, passe à l'action... Si vous voulez reprendre du début, c'est ici :-)


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Prêts pour suivre Layane ?

Pas loin d’une cinquantaine de restaurants au total. Je ne suis pas sortie de l’auberge… C’est le cas de le dire!
Je repère leur emplacement et décide d’éliminer tous ceux qui ne se trouvent pas dans le village même, puisque, d’après ma mère, elle s’était rendue à pied dans le centre du village pour trouver ce qu’elle cherchait.
En excluant les établissements trop excentrés et ceux du Chinaillon, station située un peu plus haut que Le Grand-Bornand, il m’en reste une petite quinzaine à prospecter.
-          Quinze! Ils vont me prendre pour une folle…
J’ai préparé les questions que je voulais poser et, lorsque j’ai cherché une justification quelconque à ma requête, j’ai choisi de dire la vérité. À quoi bon mentir?
Allez, c’est parti! Fébrile, je monte sur la terrasse d’une pizzéria qui déborde de fleurs de géraniums. Il est encore tôt et, lorsque j’ouvre la porte d’entrée, la salle de restauration m’apparaît déserte. Un homme s’affaire derrière la caisse.
-          Bonjour, je voudrais parler au patron, s’il vous plaît.
-          C’est moi-même.
-          Bien, je… En fait, je cherche à retrouver une personne qui a peut-être travaillé comme cuisinier chez vous durant un été.
-          Pourquoi cherchez-vous cette personne?
-          J’ai de bonnes raisons de penser que j’appartiens à la famille de cet homme; c’est donc très important pour moi de le retrouver. Il aurait travaillé chez vous, il y a une vingtaine d’années.
-          Une vingtaine d’années! Mais comment voulez-vous que j’m’en souvienne! Vous savez combien de cuisiniers ont défilé chez moi, ne serait-ce que ces cinq dernières années?
-          Oui, je comprends, mais on ne sait jamais. C’est la seule piste dont je dispose.
Devant ses sourcils froncés, j’insiste :
-          S’il vous plaît, comprenez-moi. C’est vraiment important pour moi. Il s’agit d’un homme d’à peu près 1, 86 mètre, brun aux yeux marrons, il devait avoir dans les vingt-trois ans… Il était très bon cuisinier et surtout bon pour les pizzas et…
-          Son nom?
-          Je… je ne sais pas.
Mon interlocuteur part d’un grand éclat de rire. Je baisse les yeux, consciente de l’absurdité de ma démarche.
Sans doute touché par la tristesse qui émane de ma personne, il reprend, plus conciliant :
-          Écoutez. Je ne veux pas vous décourager davantage, mais vous savez bien que vous avez fort peu de chances d’aboutir dans vos recherches. Seulement… si c’est vraiment important pour vous, alors, vous ne devez pas renoncer.
Surprise, je le dévisage, sceptique.
-          Vous savez, seuls ceux qui croient en ce qu’ils font y arrivent. Donc, même si vous échouez, au moins, vous serez allée jusqu’au bout de votre idée et vous n’aurez rien à regretter.
Je ne pense pas avoir un jour travaillé avec l’homme que vous cherchez. J’embauche généralement des gens avec plus d’expériences, donc plus âgés. Ça ne me dit rien, désolé.
Ses paroles me font néanmoins l’effet d’un baume apaisant et libérateur.
-          Merci… merci, malgré tout. Je vais continuer à chercher et je verrai bien.
-          Ok. N’hésitez pas à repasser me voir, je serai curieux de savoir si vous avez réussi à le retrouver!
-          D’accord. À bientôt alors!
Je le quitte sur un clin d’œil et sens son regard bienveillant dans mon dos.
Au suivant!
Il est des gens comme cela que l’on croise sur sa route. Parfois, l’esprit trop confus ne les peut leur accorder l’attention nécessaire. D’autres fois, plus attentif aux signaux lumineux, ces personnes marquent de leur empreinte le chemin qu’il nous reste à parcourir.
Quatorze heures sonnent maintenant à l’église du village et, malgré mes échecs répétés, mon estomac réclame sa pitance à force de humer les savoureuses odeurs de cuisine des huit restaurants que je viens de découvrir.
N’ayant pas franchement les moyens de m’offrir un repas, je retourne au camping-car me préparer un sandwich. Sur la route, je repère un parcours sportif noyé dans la verdure qui court le long d’un torrent impétueux de montagne.
-          Parfait et plus tranquille qu’au restau!
Quelques minutes plus tard, je déguste mon pique-nique au pied d’un épicéa. L’endroit est merveilleux et lorsque je lève les yeux vers la chaîne des Aravis — eh oui, à défaut de retrouver la trace de mon père, je progresse dans la connaissance du coin!—, je n’en reviens pas.
Un croissant de lune est resté accroché à la cime d’une montagne.Vite, je prends mon portable pour l’immortaliser. La beauté de l’instant compense la frugalité de mon repas.
Puis, gagnée par la sérénité du lieu, je cède à la torpeur qui me gagne.
-          Jack, Jack! Reviens ici tout de suite!
Une langue immense lèche mon visage, avant même que je n’aie le temps d’esquisser un mouvement. Surprise et effrayée, je me retrouve nez à truffe avec un gentil Golden Retriever! Heureusement, je ne crains pas les chiens, mais j’avoue que j’aurais préféré être réveillée autrement.
-          Je suis désolé! Ça va? Vous… il ne vous a pas fait mal?
-          Non, ça va! Il m’a juste repeint la façade!
-          Pardon?
-          Non, non, rien. Y a pas de mal!
-          Vous savez, jamais, il ne se sauve comme cela d’habitude. Je le promène souvent ici et c’est la première fois qu’il m’échappe ainsi.
Bon, ce monsieur est bien gentil, mais l’histoire de sa vie et de son chien ne m’intéresse pas trop, là…
-          Oui, je comprends. Excusez-moi, je dois y aller.
-          Peut-être, pour me faire pardonner, puis-je…
-          Non, c’est bon. Merci, ça ira. Bonne après-midi.
Tous les mêmes!
Rapidement, je rassemble mes affaires, tandis qu’il essaie encore de me retenir, mais je décide de l’ignorer et m’en vais, tout en ayant conscience d’être très impolie.
C’est plus fort que moi. Dès qu’un homme se montre trop insistant, une sourde angoisse s’empare de mon corps et me fait oublier toute rationalité.
Pas besoin de me retourner, je sens son regard étonné fixé sur moi. Qu’importe, il est à présent presque seize heures. Il me faut partir de nouveau en repérage.

Il me reste sept restaurants à visiter d’ici la fin de la journée. Je prends mon temps en attendant l’heure d’ouverture et je me dis que, lorsque, ce soir, je rentrerai chez moi, peut-être aurais-je eu la chance de trouver la fameuse aiguille que je cherche…

Pas facile pour Layane ; en plus, les restaurateurs ne sont pas tous très accueillants, comme Layane va en faire l'expérience dans le prochain épisode....
Passez une bonne journée et pourquoi pas, une bonne soirée dans votre restaurant préféré ? :-)

Quelques nouvelles...

Rien n'est permanent, tout évolue, dans un sens ou dans un autre. Autrement dit, je suppose qu'il en est de même pour vous, tout évolue autour de moi. 
Différents changements personnels ou professionnels sont intervenus durant l'été.
Je vous fais part ici de certains.


Above, Clouds, Cloudy, Dawn, Dust, Earth
Rien n'est permanent, même pas les ennuis...


J'ai changé la couverture de l'une de mes nouvelles. Je ne sais pas ce qui m'était passé par la tête lors de sa publication, mais la précédente était absolument à-ne-pas-faire ! si vous voulez y jeter un oeil, ne serait-ce que pour me donner votre avis, c'est ici.

Une réunion pour l'habitat partagé a eu lieu cette semaine et elle fut très particulière pour moi.
En effet, cela faisait plus d'un mois que je remettais à plus tard une décision que je devinais de plus en plus inéluctable.
Un changement dans ma vie personnelle, différentes orientations professionnelles m'ont progressivement fait comprendre que je ne pourrai poursuivre ce projet à court terme.
Habiter autrement, mutualiser les aptitudes de chacun, être solidaires, partager sont des valeurs qui me sont chères et je suis absolument convaincue que c'est notre seule issue pour sortir de l'impasse actuelle. 
Malheureusement, le projet dont je vous ai fait part implique notamment une certaine stabilité professionnelle que je n'ai pas encore, puisque je risque de devoir poursuivre ma formation hors du département. Ma situation personnelle m'oblige également à reléguer ce projet vers un avenir plus lointain.
C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai annoncé  au groupe ma décision de le quitter. Les personnes qui en sont à l'origine sont profondément humanistes et généreuses. Les rencontrer m'a ,entre autres, permis, à une certaine époque, de retrouver la foi en l'avenir et en l'être humain. 
Je compte cependant garder le contact avec certains, afin de vous faire part de l'avancée du projet et aussi, parce que cela me tient à coeur.
De nombreuses initiatives voient le jour en France pour proposer des alternatives en matière de logement. L'objectif reste toujours identique, même si la forme peut varier : vivre de façon plus solidaire. C'est la raison pour laquelle je crois dur comme fer à l'avenir de tels projets.
D'ailleurs, comme je l'avais évoqué dans un précédent article, beaucoup d'initiatives allant dans le sens d'un monde plus humaniste naissent aujourd'hui à travers le monde. Rien n'est perdu. 
Oui, tout semble démontrer que nous allons dans le mur, mais de plus en plus d'hommes et de femmes, comme vous et moi, redressent la tête pour mettre en place des solutions alternatives... QUI FONCTIONNENT !!!

Je vous invite à découvrir cet article qui évoque la prochaine sortie d'un documentaire réalisé par l'actrice Mélanie Laurent et l'ancien directeur de Colibris, mouvement initié par Pierre Rabhi.
C'est ce type de projet qui, personnellement, me fait vibrer et me laisse à penser que tout est encore possible, à nous de savoir ce que l'on veut et, contrairement aux générations précédentes, nous sommes suffisamment informés pour prendre notre avenir en mains : c'est pas une bonne nouvelle, 
ça ? :-)

N'hésitez pas à me faire part de vos réactions. Je vous souhaite un excellent week-end, dans la douceur de l'automne.

vendredi 19 septembre 2014

Layane n'est pas sortie de l'auberge !


Image illustrative de l'article Le Grand-Bornand
Que la montagne est belle !


Layane expérimente pour la première fois les joies et les contraintes de la vie en camping-car. 

-          Qu’est-ce que tu fais? On n’a même pas mangé!
-          À demain. Je suis fatiguée.
-          Comme tu veux.
Non, ce n’est pas ce que Sylvie veut, mais c’est ainsi.
Le lendemain, Alian se montre charmant et prévenant… comme toujours, après une dispute. D’abord sur la défensive, Sylvie laisse tomber ses garde-fous.
C’est si bon de se retrouver dans ses bras.
-          Tu n’as pas envie de passer un week-end en station? Rien que toi et moi au coin du feu, dans un gite de La Clusaz ou du Grand-Bornand?
-          La Clusaz, oui… mais pas maintenant. Les touristes commencent à affluer.
En octobre, si tu veux. On fermera un samedi et on partira le week-end.
C’est maintenant que Sylvie en a besoin, mais elle ne dit rien. Elle sait que son mari a raison. C’est cela, être restaurateurs.
Alian fait semblant de ne pas avoir remarqué le visage de sa femme se fermer à nouveau et chacun se prépare pour se rendre au restaurant et assurer la préparation du déjeuner.

****

-          Je suis arrivée! Ça y est, je suis au Grand-Bornand dans…3…2…1… Ça y est!
Heureusement, parce que je n’en peux plus. Pour réduire les coûts et profiter de beaux paysages, j’ai préféré quitter l’autoroute et rallonger mon trajet. Il n’est pas loin de vingt-et-une heure, mais les jours sont longs et me permettent de découvrir avec émerveillement la beauté de cette vallée.
Je passe dans la rue centrale du village et constate rapidement qu’il n’y aucun espace adéquat pour stationner durant la nuit. Peu de places de parking, des commerces les uns à côté des autres, des rues étroites…
J’ai une pensée nostalgique pour ma Twingo! Où vais-je bien pouvoir garer mon tank ?
À défaut, je poursuis ma route. Peu à peu, les chalets sont plus dispersés, les commerces s’effacent et la nature reprend possession des lieux. Une aire de camping-cars est indiquée, mais j’ai envie d’être tranquille. Mon expérience sur l’autoroute m’a suffi. Je ne suis pas d’humeur à échanger ce soir.
Bientôt, j’avise un dégagement sur le coté où je peux me garer facilement, sans gêner qui que ce soit. L’endroit est un peu isolé, mais, je ne sais pourquoi, moi qui suis pourtant si peureuse la nuit, je me sens ici en sécurité.
-          Alors… la route est plane, pas besoin de cales. En principe, je devrais être encore au même endroit demain!
Mon estomac me rappelle à l’ordre. Je dois ouvrir la bouteille de gaz. Je sors. J’ai oublié la clef pour ouvrir le coffre. Je rentre. Je ressors et ouvre la bouteille.
Un autre besoin impérieux se fait sentir.
S’il y a une chose à laquelle je n’ai rien compris du fonctionnement, c’est bien la caissette des toilettes. Je décide donc de m’en servir le moins possible et profite de la tombée de la nuit pour me libérer, sans témoin, dans la nature.
-          Ça va être sympa les jours de pluie…
Bref, une demi-heure plus tard, j’ai englouti, avec un appétit que je ne me connaissais plus ces derniers temps, un joli plat de pâtes au fromage.
L’envie de prendre un peu l’air se confronte à ma fatigue de la route. Celle-ci finit par l’emporter et je me couche après avoir tiré les rideaux et stores des fenêtres.
Je me relève cinq minutes plus tard pour fermer à clef les portières.
Je me relève une fois de plus afin de mettre en place les volets isolants sur le pare-brise et les fenêtres de la cabine.
Cette fois, je crois que c’est bon.
Je sombre dans le sommeil comme une pierre — enfin, si tant est qu’une pierre peut dormir — et me réveille en pleine forme. Décidément, cette vie me convient!
Une fois le petit-déjeuner avalé, je réfléchis à la meilleure façon de glaner des informations sur mon père. Faire le tour des pizzérias me paraît un bon début. Je prépare les questions à poser et décide de m’y mettre en fin de matinée, à l’ouverture des restaurants.
Le temps de faire la vaisselle, de ranger, dix heures sont déjà passées. C’est encore un peu tôt, alors, je pars me promener aux alentours.
Que la montagne est belle! La vallée semble se terminer au pied d’une chaîne dont j’ignore le nom, mais sur laquelle l’hiver n’a pas encore dit son dernier mot, puisque je discerne avec étonnement des nappes blanches sur les hauteurs.
Des forêts de sapin courent derrière des chalets qui s’intègrent parfaitement au paysage grâce à leur façade en bois et leurs dimensions réduites sans commune mesure avec des immeubles, vraisemblablement interdits de séjour ici.
Une heure plus tard, je me prépare mentalement à mener mon enquête. C’est un vrai challenge pour moi, si timide et introvertie. De plus, la conscience d’avoir fort peu de chances que quelqu’un aie gardé un souvenir vieux de vingt ans me conduirait facilement à abandonner, si je n’avais ce besoin irrépressible de retrouver la trace de mon père.
De retour au camping-car, je vérifie que rien ne traîne et m’installe derrière le volant. À peine ai-je démarré le moteur que je le coupe, paniquée à l’idée d’avoir laissé la bouteille de gaz ouverte.
Aller la fermer me permet également de bloquer l’ouverture du frigo et de deux éléments que j’avais négligés. Je ne suis pas encore tout à fait au point, mais je commence, malgré tout, à prendre quelques repères.
Le village grouille de monde. C’est amusant cette propension des touristes à oublier, durant les vacances, que les routes sont essentiellement réservées aux moyens de transport. Entre les voitures mal garées, la nonchalance des passants et la circulation, je me sens comme un éléphant dans une fourmilière.
Impossible de me garer au centre ville. J’avise une petite rue sur la gauche, la prends et trouve enfin un parking spacieux où je peux manœuvrer sans risque… pour les autres.
Je me rends directement à l’Office de tourisme afin de récolter les adresses de tous les restaurants-pizzerias du Grand-Bornand.
Un petit sourire ironique accueille ma demande.
-          Vous savez, nous ne sommes pas très loin de l’Italie ici, alors tous les restaus ou presque proposent des pizzas…

Pas loin d’une cinquantaine de restaurants au total. Je ne suis pas sortie de l’auberge… C’est le cas de le dire!

Comment s'y prendre? Qu'est-ce qui attend Layane au détour du chemin? 
Rendez-vous au prochain article pour le savoir :-)
En attendant, bon week-end, quel que soit le temps, le soleil est dans le coeur :-)

vendredi 12 septembre 2014

Layane va devoir faire un choix



Encore un obstacle pour Layane ?

Layane s'est donné les moyens de parvenir à se fins, mais sa mère semble s'ingénier à lui mettre des bâtons dans les roues...

Je me sauve sans écouter le reste. Je me sens bien dans mon camping-car et je n’ai pas envie de me laisser gagner par la peur de me faire agresser. Sans négliger le danger, je refuse de tomber dans la paranoïa. Il me suffira de choisir un lieu sécurisé où dormir et puis, voilà!
D’après ce que j’ai compris, j’ai le choix entre dormir en camping et payer, ou faire du camping sauvage en stationnant dans un quartier calme, mais jamais plus d’une nuit. Compte tenu de mes finances, le choix est vite fait…
Allez, c’est reparti! J’ai repris des forces, à moi, la Haute-Savoie!
Mon portable sonne.
-          Allô, Mademoiselle Chassard? Chassard Layane?
-          Euh… oui. Qui…
-          Ici, le secrétariat de l’hôpital de Compiègne. Votre mère, Madame Aline Chassard, vient d’être admise chez nous, suite à un malaise cardiaque.
-          Ma… ma mère? Un malaise cardiaque? C’est… c’est grave?
-          Vous pourrez venir ou rappeler d’ici une heure et je pourrai vous passer le médecin qui s’occupe d’elle. Je ne peux vous en dire plus, pour le moment, mais, quand vous passerez, vous pourrez rencontrer le médecin.
-          Non, je ne peux pas… je téléphonerai. Une heure, vous m’avez dit?
-          Oui, disons, vers quinze heures pour être sûr.
-          D’accord. À tout à l’heure.
Je reste un instant, le regard vide devant le pare-brise, les bras croisés sur le volant. Le klaxon retentit. Ma maladresse me sort de la torpeur qui s’est emparée de moi. Je vois mes compagnons d’apéro jeter un œil vers moi, puis me faire signe en partant, croyant que j’ai klaxonné pour leur dire au-revoir.
Ma mère à l’hôpital. Je devrais être là-bas. Je devrais être près d’elle. La culpabilité de l’enfant qui ne joue pas son rôle de gentille fille m’assaille et me laisse démunie et fragile.
Je suis dans l’entre-deux. Assumer ou avancer. Retourner ou continuer. Le passé ou le futur.
Je choisis le présent. Attendre quinze heures pour en savoir plus et décider à ce moment-là.
À peine quatorze heures.
Ayant petit-déjeuner tard, je voulais attendre un peu avant de me faire un sandwich, mais, à présent, même si je n’ai pas faim, je rassemble ce qu’il me faut et commence à beurrer le morceau de baguette qu’il me reste.
Au moins, ça m’occupe.
14h50. Je ne tiens plus.
-          Allô? Je suis Madame Chassard. Ma mère a été hospitalisée tout à…
-          Oui, c’est moi qui vous ai appelée. Ah, vous avez de la chance! Docteur? Docteur Siccard? La fille de Madame Chassard au téléphone.
Ne quittez pas, le médecin vous prend dans son bureau.
-          Merci.
Une musique parasitée blesse mon oreille.
-          Ils feraient mieux de ne rien mettre!
-          Allô? Madame Chassard?
-          Allô, oui, Docteur, c’est moi.
-          Votre mère va bien. Il s’agissait d’un petit malaise sans gravité, mais nous la gardons tout de même deux jours sous surveillance. Elle est réveillée, vous pouvez venir la voir quand vous le souhaitez.
-          Je… Non, je ne peux pas. Je suis en… en déplacement. Je vous remercie. Vous êtes sûr que tout va bien à présent?
-          Oui. Elle n’avait jamais eu ce genre de souci auparavant, n’est-ce pas?
-          Euh… non. Non, pas à ma connaissance, en tout cas.
-          Bien. C’est ce que son dossier médical indique en effet. Je vous laisse, Mademoiselle. En passant par le secrétariat, vous pourrez parler à votre mère dans la soirée. Nous avons encore quelques examens à lui faire passer. Au-revoir.
-          Au…
Le bip se fait entendre.
Je suis rassurée et… en déplacement, n’est-ce pas? Alors, je respire un grand coup et reprends la route.
Rapidement, le ronronnement du moteur et le paysage qui défile apaisent mon esprit. C’est la bonne décision, au vu de la situation. Je n’ai pas à culpabiliser. Un peu quand même, mais pas suffisamment pour me stopper sur ma lancée.

Cette fois, à moi, la Haute-Savoie!

****

Comme prévu, c’est Sylvie qui a dû remettre le sujet sur la table. Comme prévu, Alian n’a pas changé sa position d’un iota.
-          Je te propose d’en reparler d’ici la fin de l’année. Ça nous laisse six mois de plus de recul pour voir où on en est.
-          Mais je ne tiendrai pas six mois de plus!
-          Qu’est-ce que tu veux à la fin? L’avenir n’est jamais certain, tu n’as pas encore compris ça à ton âge?
Ça y est. Alian adopte ce ton méprisant que Sylvie déteste tant. C’est le signal de fin. Tout échange est désormais voué à l’échec. Du mépris, Alian passera à l’agressivité verbale, puis au repli sur soi d’où il sera impossible de le sortir durant des heures.
-          Oh si, il est des choses que l’on peut prédire sans jamais se tromper, malheureusement.
-          Madame s’octroie des talents de médium maintenant!
Sylvie soupire. Inutile.
Il n’est que dix-neuf heures, mais elle préfère aller se coucher tout de suite, trop lasse, trop peinée par cette scène qui révèle les failles de leur couple.
-          Qu’est-ce que tu fais? On n’a même pas mangé!
-          À demain. Je suis fatiguée.
-          Comme tu veux.
Non, ce n’est pas ce que Sylvie veut, mais c’est ainsi.

Layane a choisi : retrouver son père prime sur tout le reste. Il faut juste espérer qu'il ne soit pas trop tard.
Sylvie, quant à elle, se sent de plus en plus seule et lasse de sa relation avec Alian.

Je vous souhaite un excellent week-end sous ce magnifique soleil estival :-)

vendredi 5 septembre 2014

Que devient Layane ?


Première rencontre impromptue pour Layane. 
Si vous souhaitez comprendre quelque chose à cette histoire, je vous suggère de commencer par le début ici :-)



Prendre la route comme tendre la main vers son destin


-          Pff! Auxerre!
J’ai parcouru à peine deux cents kilomètres et je n’en peux déjà plus. La nuque me fait mal et j’ai intérêt à m’arrêter un peu. C’est toujours pareil, j’aime conduire, mais je ne tiens pas la distance.
-          Raté! Prochaine aire à vingt kilomètres.
Je mets la radio, ouvre la fenêtre et tente de rester concentrée. Je roule à bonne vitesse, sauf dans les montées, durant lesquelles les véhicules que j’ai doublés auparavant me dépassent à leur tour…
Enfin, je peux mettre le clignotant et prendre l’embranchement vers un lieu où me reposer un peu. N’étant déjà pas une experte des manœuvres avec ma Twingo, je ne me hasarde pas à tenter le créneau avec le camping-car. Je cherche le parking où il y a le moins de véhicules et me gare en plein milieu!
Heureusement pour moi, nous sommes jeudi et malgré l’heure du déjeuner, les parkings ne sont pas encore pris d’assaut par les touristes du week-end.
J’hésite entre m’allonger un instant ou prendre l’air.
-          Les deux, mon capitaine!
Je n’ai pas encore testé le lit, ayant refusé de m’allonger dessus devant le propriétaire. Je suis très agréablement surprise, je m’y sens très bien et m’amuse à regarder ce qui se passe aux alentours, par les deux fenêtres à proximité.
Bientôt, mes paupières redeviennent lourdes. Pas question de me laisser aller. C’est le signal du départ vers le sentier qui longe les parkings. Air pollué, bruits de voitures et de camions, klaxons… Je préfère nettement mes longues promenades dans le parc du château de Compiègne.
Rapidement, je fais demi-tour et retrouve avec soulagement le calme dans mon tank. Finalement, cette façon de voyager me plaît beaucoup. Pour un peu, j’en oublierai presque mon objectif.
Je sursaute : quelqu’un toque à la porte de la cellule. Une voix.
-          Excusez-moi, on est dans le camping-car à côté et on aurait besoin d’un petit service.
Rapide tour d’horizon. Quelques voitures, quelques personnes qui s’aèrent en fumant, je ne suis pas seule au cas où. J’ouvre doucement la porte.
-          Bonjour… Que puis-je faire pour vous?
-          Bonjour! Excusez-moi, mais on a oublié notre entonnoir pour mettre de l’eau dans le réservoir avec notre jerrican. Z ‘en auriez pas un  par hasard?
Devant ma mine hébétée, il reprend, en jetant un œil plus approfondi dans le camping-car :
-          Votre mari est là?
Oui, mais il se cache sous le lit.
-          Non, je… je suis seule et ce camping-car n’est pas à moi.
Je m’empresse d’ajouter devant son air soupçonneux :
-          Je le loue. Du coup, je ne le connais pas encore très bien. Je… on peut regarder dans le coffre s’il s’y trouve ce que vous cherchez…
-          Ok, c’est gentil.
Je descends et jette un œil sur le véhicule de mon interlocuteur. Son camping-car range le mien dans la catégorie des poids légers. C’est un intégral.
-          Vous pouvez conduire cet engin avec un permis classique?
-          Ah non, ma p’tite dame! J’ai le permis poids lourd, me répond-il en gonflant le torse.
Ces hommes, tous les mêmes! Je l’observe à la dérobée. Il porte une cinquantaine bedonnante et une alliance habille son annulaire.
-          Vous voyagez souvent?
-          La moitié de l’année! Avec ma femme, on part d’octobre à mars dans les pays chauds et on revient profiter de l’été français, tranquilles chez nous, quand les autres encombrent les routes et les plages.
-          Je ne vois rien qui ressemble à ce que vous cherchez.
-          Moi non plus. Il va falloir qu’on s’en achète un.
-          Je n’ai pas très bien compris à quoi ça peut vous servir.
-          Suivez-moi, je vais vous montrer.
C’est ainsi que je me retrouve en train de prendre l’apéro à bord de leur tank, magnifique, spacieux et équipé High tech.
Le propriétaire m’avait dit que les camping-caristes sont généralement solidaires et accueillants.
-          La grosse chaîne que vous avez à l’avant vous sert à quoi?
-          Vous qui voyagez seule, une femme en plus, vous devriez avoir ça. Nous, on l’a depuis qu’on est allé en Espagne. Ce sont des collègues qui nous ont filé le tuyau. J’veux pas vous faire peur, mais y a de plus en plus de cambriolages de camping-cars.
-          Oh oui, c’est dangereux, maintenant! intervient sa femme, une petite dame toute ronde et serviable, mais un peu trop angoissée à mon goût.
-          Ce qu’ils font, c’est que pendant que vous dormez, ils envoient un gaz soporifique et après, ils n’ont plus qu’à forcer l’entrée et se servir!
-          C’est que le lendemain matin, en vous réveillant que vous constatez les dégâts! Eux, ils sont déjà loin!
-          C’est pour ça, ne vous garez jamais sur une aire comme celle-ci pour dormir, parce que c’est dans ce genre d’endroit qu’il y a le plus de problèmes, la nuit!
Je bois cul sec mon verre de porto. J’en ai assez entendu. De toute façon, moi, je vais dans un village de montagne où il n’y a aucun danger.
-          Donc, la chaîne, c’est pour la passer, avant de dormir, entre les deux portières de devant. Après, je mets un cadenas qui empêche de la tirer. Comme ça, si des cambrioleurs cherchent à fracturer la porte pour entrer, ils ne peuvent pas, puisque les deux portes tiennent ensemble, vous comprenez?
À peu près, mais je m’en moque!
-          Je crois, oui. J’y penserai, mais, là, il faut que je vous laisse. Merci pour l’apéro et bon retour alors!
-          Mais… attendez!

Je me sauve sans écouter le reste. Je me sens bien dans mon camping-car et je n’ai pas envie de me laisser gagner par la peur de me faire agresser. Sans négliger le danger, je refuse de tomber dans la paranoïa. Il me suffira de choisir un lieu sécurisé où dormir et puis, voilà! 

Layane tient à sa liberté et à son autonomie. Elle en assume les avantages et les inconvénients. Seulement voilà, tout ne se passe pas toujours comme prévu.
Suite au prochain numéro :-) En attendant, profitez bien de votre week-end.

mercredi 3 septembre 2014

Un grain de sable...


Beach, Desert, Hills, Sand, Summer, Sunny
1 grain de sable + 1 grain de sable...

Très régulièrement, lorsque j'évoque le fait que tout est possible, y compris une évolution humaniste de notre société, je suscite ces propos:
- Il suffit de regarder les actualités pour voir que ce n'est pas vraiment le cas.
- Regarde autour de toi : cette intolérance, la montée du racisme, la pauvreté qui ne cesse de s'accroître !
- C'est vrai qu'il y a des gens qui font des choses bien, mais il n'y en a pas beaucoup.
- Etc.

Cela vous rappelle quelque chose ? Vous êtes-vous déjà trouvé dans ce type de situations ?

Alors, oui, c'est vrai. Si l'on se base sur un certain nombre de médias, l'espoir d'un monde meilleur est en berne.
Si l'on observe uniquement ce qui va mal sur notre planète, alors l'on risque de se sentir dans une voie sans issue.

Et si ?

Et si l'on s'intéressait à toutes les initiatives solidaires et humanistes qui, partout dans le monde, ne cessent de s'accroître ?
Et si, au lieu d'attendre de chaque gouvernement, d'hypothétiques miracles qui transformeraient d'un coup de baguette magique nos difficultés en opportunités, nous nous mettions en route, chacun individuellement et avec d'autres ?

J'ai lu, il y a déjà un certain temps, 1+1+1...= une révolution d' Alexandre Jardin. Ce livre, essentiel, insiste sur l'idée que le changement vient de chacun d'entre nous et pas nécessairement de l'État. Nombre de pratiques innovantes ont déjà fait leurs preuves au niveau local; s'en inspirer, les développer, les adapter peut contribuer à un monde meilleur.

Comment ne pas penser également aux associations qui oeuvrent sur le terrain et permettent de résoudre, voire d'anticiper nombre de problèmes sociaux? 

Je peux citer en exemple les médiateurs de banlieues, mais aussi Terre et Humanisme, initiée par Pierre Rabhi en 1994 afin de favoriser l'agroécologie dans le monde.

Je pense également à nombre de solutions alternatives qui voient le jour pour favoriser le développement de logements solidaires et respectueux de la nature. Je vous ai déjà parlé plusieurs fois du concept de l'habitat partagé auquel j'adhère pour le moment. Je reviendrai, d'ailleurs, rapidement dessus afin de vous tenir informé de l'évolution de ce projet, la prochaine réunion de septembre étant décisive pour moi.

Autrement dit, je pense qu'il est de la responsabilité de chacun, à sa propre échelle, d'agir pour que notre environnement, notre société, notre monde, notre planète évolue vers un humanisme éclairé et durable. 

Si chacun d'entre nous cherchons à véhiculer des idées allant dans ce sens auprès de notre entourage,

Si chacun d'entre nous commençons par appliquer ce dont on est convaincu,

Si chaque personne que nous convainquons par l'exemple en parle à son tour,

Si chacun apportons notre grain de sable à l'évolution de l'homme, car protéger son environnement, c'est avant tout protéger l'homme, 

Alors, je crois fermement que ce siècle sera une chance pour l'humanité...

Bonne journée :-)







Remise en question sur le projet habitat partagé

Je rappelle pour les nouveaux que je fais partie d’un groupe de personnes motivées par le projet de vivre en habitat partagé. Si vous souhaitez découvrir le concept, c’est ici.

Mercredi dernier, nous avions rendez-vous chez l’un des couples participant au projet. Le temps est orageux, donc le mal de tête me guette. Ayant par ailleurs peu dormi la veille, je ne me sens pas dans une forme olympique !

Fort heureusement, je peux compter sur l’un des hommes du groupe pour me conduire à bon port. Arrivés sur place, une question fondamentale se pose : tenons-nous la réunion à l’extérieur, dans le jardin ou à l’intérieur ?!!

Finalement, le soleil qui pointe le bout de son nez entre deux nuages tranche en faveur du salon de jardin. Sans doute, ravi de notre décision, il nous accompagnera toute l’après-midi, à tel point que certains regrettent d’avoir oublié leur lunette de soleil ! C’est l’occasion pour nous de découvrir "les lunettes-cire-d’abeilles" que propose gentiment notre hôte à l’une d’entre nous, trop ennuyée par la luminosité, car ces lunettes offrent l’avantage de protéger efficacement du soleil, mais ce n’est pas leur utilité première...
Lunettes à grille optique
Les lunettes font le tour de la table, car peu d’entre nous en connaissent l’existence. La personne qui se destine à les porter résume parfaitement l’impression laissée par cette paire :
- Je crois que je comprends mieux ce que les femmes afghanes voient à travers le grillage qu’elles ont devant leurs yeux !
En réalité, il s’agit de lunettes à grille optique qui permettent de faire travailler les muscles des yeux...

Bref, la discussion s’engage au sujet de deux terrains que certains d’entre nous ont repéré et qu’il conviendrait d’aller voir. Auparavant, nous ne résistons pas à la pause café-brioche-cerises-tarte aux groseilles-sirop de sureau-fait-maison-et-délicieux !

 Timoléon Marie Lobrichon (1831–1914) La Gourmandise 
Pas facile, la vie d’artiste !

Le ventre plein, - presque trop !-, nous nous engouffrons dans les voitures et c’est parti pour les visites ! Au fur et à mesure que l’après-midi s’étend, je me sens de moins en moins à l’aise. L’orage éclate faiblement, ce qui accentue mon mal de tête, mais ce n’est pas la raison principale de mon silence.

Le premier terrain abrite une maison à vaste potentiel ; quant au deuxième, après défrichement, il offre un bel espace et une maison de bonne taille, mais sur laquelle le soleil ne peut facilement venir, en raison d’un terrain pentu situé non loin de la maison. Après la pluie, le beau temps. Le soleil nous darde à nouveau de ses chauds rayons. Assis à même le sol ou sur des pierres, nous engageons à nouveau une discussion, afin d’échanger sur nos ressentis. C’est l’occasion pour moi d’évoquer le malaise que j’éprouve.

En effet, nos dernières visites sont en relation avec la nécessité de rénover une vieille bâtisse afin de la transformer en petits logements indépendants. Ce n’est plus là un projet qui me correspond. Je ne souhaite plus investir en temps, en énergie et en argent dans un projet de rénovation, après l’avoir déjà fait trois fois au cours de ma vie. J’avais au début de ce projet clairement affiché mon souhait : vivre en habitat partagé sur un terrain assez vaste, proche de la nature, dans de petits logements indépendants et de plein-pied, tels que les zomes, moins onéreux à construire et très chaleureux.

Je m’en veux un peu d’endosser ce rôle d’"empêcheuse de tourner en rond", mais mon intervention semble au contraire libérer la parole et mettre l’accent sur la nécessité absolue de revoir nos exigences précises, afin d’orienter plus clairement nos recherches.

Soulagée, je repars avec le groupe vers la maison de nos hôtes où nous convenons du prochain rendez-vous. Il s’agit toujours d’un moment délicat, car il est assez difficile de trouver un temps libre qui convienne à tous, en raison des activités de chacun et des vacances qui frappent à nos portes.

Enfin, nous prenons le chemin du retour. Je suis exténuée par cette journée qui, pourtant, fut très agréable. Sans nul doute, la prochaine réunion sera constructive et nous permettra de déterminer clairement ce dont nous avons besoin. Alors, à suivre... !

En attendant, moi, je vais au dodo ! Prenez soin de vous :-)  

Comme promis...

Comme promis, je vous reparle du projet « Habitat partagé » auquel je participe.

Ma deuxième réunion avec le groupe a eu lieu jeudi dernier en soirée. Nous avons commencé par définir l’heure à laquelle nous pensions devoir aller nous coucher :-), autrement dit, jusqu’à quelle heure nous pouvions tenir !

Autant le dire tout de suite, nous éprouvons tellement de plaisir à discuter ensemble que nous avons eu beaucoup de mal à finir à l’heure et partir pour un gros dodo !

Afin de vous permettre de comprendre clairement de quoi il retourne, je vous livre ci-dessous la façon dont l’association des Colibris de Pierre Rabbi définit le concept d’habitat partagé :

« Spéculation foncière, paupérisation urbaine, crise des liens sociaux, pollution, sont autant de raisons qui ont amené des femmes et des hommes à monter un habitat groupé. Le principe ? Se mettre à plusieurs pour concevoir et financer son logement en y intégrant des valeurs telles que la solidarité, le respect de l’environnement, le partage ou encore la mixité sociale. »

Plutôt sympa, de prime abord, non ?

« Né en France dans les années 70, l’habitat groupé, qu’on appelait "habitat autogéré", se veut à contre-courant de l’habitat classique :
  • il est composé d’espaces privés (habitations ou appartements autonomes) ainsi que d’espaces communs (jardins ou salles communes), très important "privés" et "autonomes" !
  • il prône l’épanouissement de la vie sociale sans affecter l’intimité de chaque individu,
  • il nécessite la volonté de vivre de manière collective,
  • il suppose que les habitants soient les gestionnaires et les acteurs et de leur mode de vie,
  • il intègre une construction qui respecte la santé des habitants et la préservation de l’environnement,
  • il encourage une mixité sociale et générationnelle. »
   
Modèle actuel Modèle proposé
Individualisme Coopération
Perte de liens sociaux Échanges entre citoyens
Imperméabilisation des sols, destruction de milieux naturels, pollutions, etc. Réduire l’impact écologique
Ségrégation spatiale / cloisonnement des populations Mixité sociale et générationnelle
Spéculation foncière Mutualisation des moyens

Ceci étant dit, l’idée est belle, le projet intéressant, mais ce soir-là, les questions étaient les suivantes : Où ? Comment ? De quels moyens disposons-nous ? Quel projet précis définir ?

Pouh ! Il fallut d’abord se détendre un peu autour de thés, cafés et tisanes avant de s’y mettre…

Blur, Flat, Flowers, Home, Kitchen, Living

Ce n’est pas du luxe pour mes neurones endormis !

Un des couples présent nous a annoncé son désistement, car il venait de signer un accord avec un autre groupe d’habitat partagé. En effet, ils venaient de trouver une grande maison bourgeoise en parfait état sur 6000 m2 de terrain, comportant serres, vergers et potagers. Dommage, car nous apprécions ces deux personnes, mais nous ne sommes pas les seuls à vouloir monter ce type de projet et c’est bon signe, je pense.

Désistement supplémentaire du jeune couple qui nous avait proposé de mettre en œuvre notre projet chez eux, dans la mesure où ils disposent de nombreux bâtiments à rénover. La proximité de la route et l’ampleur des travaux avait rebuté la majorité d’entre nous.

Nous restons donc à 7 familles, dont 2 couples, car une femme s’est jointe à nous ce soir-là. Ensuite ? Je ne vais pas vous ennuyer avec le contenu précis de ce qui s’est dit, mais grosso modo, nous avons redéfini nos souhaits personnels, à savoir me concernant, un logement indépendant, peu cher, rapide à obtenir, sans travaux monstrueux, sur un terrain suffisamment grand pour accueillir tout ce que l’on souhaite faire et chacun d’entre nous… facile, non ?

En fait, je pense aux zomes.
  
Quelle est cette étrange créature ? 
Pas mal, non ?   Il s’agit d’un concept créé aux États-Unis dans les années 1960.  Le mot «zome» fut inventé en 1968 par Steve Durkee. 
Le zome est, habituellement, une habitation individuelle en bois et en forme de dôme partant d’un polygone régulier comme base. Le dôme est constitué de formes géométriques, les zonoèdres. Ces constructions peuvent se fondre dans le paysage (sic Wikipédia).

En fait, c’est l’un d’entre nous qui avait évoqué ce concept lors de notre précédente réunion. J’ai effectué des recherches, très intriguée par ce type d’habitat qui se construit facilement, rapidement et à moindre coût… en clair, ce que je recherche ! Nous en sommes arrivés à la conclusion que nous devions nous mettre en quête d’un terrain où nous pourrions éventuellement installer des zomes, sans exclure la possibilité de rénover une maison ancienne ou grange se trouvant à proximité, dans le but, soit d’y habiter pour certains, soit de la dédier à des parties communes. 

Aussitôt dit, aussitôt pas fait, mais programmé pour la prochaine réunion ! En effet, à cette occasion, nous avons décidé de découvrir les différentes offres de notre région, dans le périmètre géographique qui nous intéresse et ce sera suivi d’un débriefing sérieux et surtout convivial…

Donc, je vous donne rendez-vous dans quelques temps, afin de suivre l’avancée de cette aventure :-)

L'habitat partagé : c'est-à-dire ?

Je veux aujourd'hui vous parler d'un projet auquel je participe : l’habitat partagé.
Il s’agit de s’associer, en quelque sorte, afin de vivre dans un lieu où chacun pourrait mutualiser ses compétences, tout en vivant de façon indépendante. Pour en savoir davantage, j’ai décidé d’assister à une réunion de l’association qui cherche à monter ce projet. La réunion doit avoir lieu chez Mathieu et Violette qui souhaiteraient accueillir d’autres personnes sur leur lieu d’habitation, trop grand et trop coûteux pour leurs seuls besoins. Ce sera l’occasion de découvrir le potentiel de cet endroit et de partager un bon repas:-)

Je me rends donc à cette réunion sans aucune idée précise de ce qui m’attend. Toutefois, je me dis que l’échange sera forcément intéressant, car les personnes concernées par ce type de projet partagent forcément une partie des valeurs qui me sont essentielles.

Rendez-vous à l’arrêt de bus sur la place du village.

Je me fais l’effet d’une lycéenne attendant son bus scolaire, les rides en plus...  

Black-and-white, Dress, Girl, Sitting, Tiles, Waiting

Deux hommes s’approchent soudain :
-    vous êtes Emmanuelle ?
Deux hommes à l’âge indéfinissable ( je n’ai jamais été douée pour ce type d’estimation) m’encadrent et nous rejoignons, un peu gênés, un peu timides comme des adolescents, le fourgon aux trois places à l’avant, ça tombe bien.

Très rapidement, le tutoiement est de mise. Le conducteur, Philippe, fait tout ce qu’il peut afin d’éviter de me toucher le genou en passant la vitesse, exercice rendu difficile par la promiscuité... Je me sens assez à l’aise (malgré tout) et nous ne tardons pas à arriver aux abords d’une propriété habitée par un couple de trentenaires et leurs trois enfants. L’accueil est d’emblée chaleureux. Nous sommes les premiers.

La demeure est vaste, 600 m2 sur un peu plus d’un hectare. Toutefois, les trois quarts des bâtiments sont quasiment en ruines. Je ne sais pas encore vraiment à quoi m’attendre, alors j’adopte une attitude d’écoute et d’observation. Peu à peu, les autres invités/membres nous rejoignent. Je suis nettement moins à l’aise, car je m’identifie à présent à un cheveu sur la soupe... Chacun sait de quoi il parle, évoque des institutions de la région, certes intéressantes, mais qui me sont inconnues.

Le déjeuner commence et, invariablement, une personne s’étonne de mon appétit de colibris... Je détourne la conversation, consciente d’être un peu différente, d’être un peu trop silencieuse, mais je ne suis pas en mesure pour le moment de m’extérioriser davantage. Finalement, avant le fromage et le dessert, une visite des lieux se décide.  

Quand même pas, mais presque !

Ma première impression se confirme : les bâtiments offrent un beau potentiel à condition d’investir beaucoup d’argent et de temps, or, je n’ai ni l’un, ni l’autre, en tout cas, pas pour ce genre de chose. Ayant déjà été propriétaire de 3 maisons à rénover, je me suis promise de ne plus JAMAIS consacrer mon énergie, mes
maigres finances et mon temps à ce type de projet. Cela ne me correspond plus.

Je commence donc à sérieusement me dire que je perds mon temps et que je me suis une fois de plus fourvoyée. Mes réflexions intérieures conditionnent sûrement mon attitude extérieure, ce qui a pour conséquence de me retrouver un peu isolée du groupe. Enfin, vient le moment du fromage que je refuse, m’excluant encore une fois de l’attitude générale, mais je sais que je vais me rattraper sur les gourmandises sucrées qui se font trop attendre à mon goût :-) Puis, François qui anime le groupe et m’a emmenée, prend la parole et demande à chacun de parler de ses attentes concernant le projet d’habitat partagé.

À partir de cet instant, tout change, pour moi.

Chacun en effet parle de ses rêves, de ses désirs et ainsi en dit plus sur lui-même qu’à l’occasion de n’importe quelle présentation plus classique. Moi qui ne me sentais pas vraiment à ma place (vous l’aurez compris!), je découvre avec grand plaisir à quel point finalement nous sommes tous proches les uns des autres.

L’envie de participer à un monde plus solidaire, plus constructif et ouvert. Le besoin de partager, d’offrir, de vivre une aventure humaine collective. La nécessité de pouvoir néanmoins se retrouver seul avec soi-même, en-dehors du groupe. Les parcours sont différents, mais les valeurs sont les mêmes. Je me sens parfaitement bien maintenant et curieuse de chacun.

Quand vient mon tour...


J’ai parfaitement conscience que les autres attendent depuis le début de cette réunion que je prenne la parole, puisque je suis la seule nouvelle du groupe et qu’ils ne connaissent encore rien de moi... D’aucuns ont bien essayé de me questionner sur mon lieu d’habitation, mais je suis restée évasive (et pour cause!), ce qui les a quelque peu refroidis à mon égard.

Rassurée par ce que je viens d’entendre, je me sens en confiance parmi ces gens tolérants, ouverts et forts de leur expérience de vie, alors je me lâche ! Je crois que mon attitude introvertie donnait, comme souvent, l’impression d’une certaine froideur. Ils comprennent que ce n’est qu’une impression et que nous cheminons dans la même direction. L’atmosphère est détendue, le café est le bienvenu, sauf pour moi qui préfère une infusion de feuilles de sauge-ananas absolument délicieuse. Mathieu se met donc au fourneau pour préparer, exclusivement pour moi, cette tisane. Encore dissidente donc, mais cette fois, vite rejointe par la majorité, curieuse finalement de découvrir ce breuvage offert par nos hôtes.

L’heure tourne et nous avons conscience qu’aucun d’entre nous ne souhaite attendre la saint glinglin avant de concrétiser ce projet. Il nous faut donc essayer d’être plus efficaces que lors de cette, certes, belle après-midi, qui s’est avérée cependant trop peu constructive. Rendez-vous est pris dans 3 semaines. Ce laps de temps donnera l’occasion à l’un d’entre nous de rechercher d’éventuels terrains plus appropriés à notre démarche. Toutefois, la réunion ne prend toujours pas fin, heureux que nous sommes d’échanger sur nos envies communes... Or, je suis déjà très en retard pour aller chercher mon fils.

Qu’à cela ne tienne, la femme de François me propose sans hésitation de me prêter sa voiture afin de me permettre de partir plus tôt. Touchée par sa confiance (n’oublions pas que j’ai la main droite toujours immobilisée :-)), j’accepte avec quelque appréhension  l’idée de conduire une petite twingo.

Eh oui, cela fait longtemps à présent que je n’ai conduit un véhicule si léger ! Pour faire court, j’ai l’impression dans chaque virage que je vais aller rejoindre les vaches dans les champs alentour, tant la voiture semble s’apparenter pour moi à une boîte d’allumettes ! J’arrive néanmoins sans encombre à destination et reprends ma casquette de maman, la tête pleine de sourires et de rêves.

Je vous informerai de la suite des événements dès que la prochaine réunion aura eu lieu. En attendant, prenez soin de vous :-)